Le 7 avril dernier, sur le plateau de La Chaîne Parlementaire, la ministre de l’Éducation Elisabeth BORNE déclarait qu’« il faut se préparer très jeunes, presque depuis la maternelle, à réfléchir à la façon dont [les élèves] se projettent dans une formation et un métier ». Une déclaration qui peut sembler déconnectée de la réalité, en particulier lorsqu’on est jeune et en situation de handicap.
Il existe, certes, de nombreuses formations, préformations, métiers et dispositifs spécifiques pensés pour les personnes en situation de handicap, constituant souvent des leviers précieux. Mais ne gagnerions-nous pas à déplacer notre regard et à interroger autrement les fondements de la réflexion sur l’inclusion professionnelle ?
Comment construire, sécuriser et faciliter un parcours d’inclusion socio-professionnelle évolutif pour les jeunes en situation de handicap, en tenant compte de leur projet de vie ? Il s’agit bien de comprendre que la connaissance de soi s’acquiert avec le temps, qu’identifier ce qui nous anime, ce que l’on aime, est essentiel dans la construction de notre parcours de vie, y compris professionnel. C’est bien en partant de là que l’on peut construire des solutions durables, autodéterminées et réellement adaptées à chacun.
Nous vous proposons de vous guider dans cette réflexion tout en proposant quelques ressources de notre territoire.
Préparer, penser et construire : l’autodétermination au cœur des habiletés sociales
La préparation et construction du projet socio-professionnel doit s’ouvrir à des perspectives précises, en tenant compte de l’autodétermination et du parcours de vie de la personne concernée. Il ne doit pas être négligé, et ce dès la scolarité, où il est déjà possible de soutenir le développement des habiletés sociales. Au-delà des compétences, études et expériences, il convient à valeur égale, de développer les habiletés sociales, les savoirs-êtres et les codes de comportements afin de s’inscrire dans une démarche effective.
Ainsi, c’est en définissant ce que la personne sait et aime faire, qu’elle pose les premières pierres de son projet. La diversité des parcours, d’activités et toutes les expériences sont valorisables. C’est par ces fondamentaux personnels et quasiment identitaires qu’on prépare l’entrée dans un parcours d’apprentissage. Cette démarche d’identification s’accompagne d’une reconnaissance des ressources disponibles et des besoins spécifiques de la personne, que cela concerne les compensations nécessaires ou des aspects de la vie, tels que la santé ou la mobilité qui peuvent constituer des freins majeurs à son parcours.
Cette étape est nécessairement réalisée par le jeune. Il peut évidemment être appuyé par des intervenants et sa famille, mais la question de l’autodétermination est extrêmement importante pour la suite de son parcours. Dans notre département, plusieurs structures, outils et dispositifs accompagnent les jeunes dans cette réflexion. C’est notamment le cas avec les bilans de compétences adaptés comme en proposent Ipsis Pro, ou encore grâce à l’accompagnement de professionnels comme des psychologues, psychomotriciens, travailleurs sociaux ou job coachs, intervenant au sein d’associations telles que Service Connect 13 (URAPEDA), FIMECO, Aspibulles, TSA Défi pro (AP-HM), l’IRSAM, le Service Insertion professionnelle (Sauvegarde13) ou le DAPV13.
Réaliser et choisir : l’information et le réseau d’acteurs
Avec une préparation réussie, le projet socio-professionnel ne peut être que mieux choisi. Grâce à cette première étape, le jeune est prêt à mener des actions concrètes pour réaliser son projet, comme candidater à un emploi, préparer un entretien, savoir valoriser ces atouts ou développer des compétences à travers du bénévolat ou des activités de loisirs.
L’accès à l’information et l’orientation adaptée est une condition essentielle à la concrétisation d’un projet, tant pour les jeunes que pour leurs familles. L’enjeu réside aujourd’hui dans la mise en lien des acteurs au service de la coordination des parcours et dans la création de passerelles. La mobilité professionnelle constitue également un levier clé. Toutefois, les freins institutionnels persistent, et les préjugés, tant du côté des entreprises que des familles, restent un obstacle important. Il est donc indispensable de renforcer la complémentarité entre les partenaires, d’encourager les coopérations dans une démarche de co-accompagnement, plus fluide, au service des jeunes.
Dans notre département, plusieurs structures accompagnent les jeunes dans la concrétisation de leur projet. C’est notamment le cas de Handiwork, du Dispositif d’Emploi Accompagné (Unapei Alpes Provence), des Cap Emploi (Heda 13), d’OASISS (IRTS), de la PAFIP ou d’ESAT comme Open Provence (Ipsis) et Le Rouet (AMSP).
Sécuriser et adapter son projet tout au long de la vie
Il n’est plus à démontrer que les parcours de vie sont évolutifs, tout comme les projets qui les accompagnent. Lorsqu’on parle d’inclusion socio-professionnelle, les enjeux ne se limitent pas à l’accès à un emploi, à une formation ou à une autre activité, mais concernent aussi la sécurisation du parcours, à entendre non pas comme quelque chose de figé, mais comme une capacité à s’adapter au fil du temps.
La pérennité d’un projet est bien sûr importante, mais sa réévaluation régulière, son ajustement aux besoins, aux envies et aux contextes de la personne le sont tout autant. Il s’agit d’accompagner l’évolution des envies et des situations à chaque étape, pour laquelle il est essentiel de garder en tête les notions de parcours de vie, d’autodétermination, et de passerelles.
Anticiper les freins, repérer les risques de rupture de parcours, et mobiliser les ressources en amont, permet de construire des accompagnements plus solides. C’est dans cette logique que la mise en réseau des acteurs et la mutualisation des ressources doivent se poursuivre et s’intensifier.
Enfin, rappelons que les parcours ne sont pas linéaires et peuvent se réalisés à des âges multiples. L’évolution des envies avec le temps, la mobilité professionnelle, ou encore le besoin d’un accompagnement à la vie sociale ou l’hébergement doivent être pleinement intégrés à la réflexion.
L’enjeu d’une inclusion socio-professionnelle pleine réside dans la combinaison de compétences sociales et professionnelles, accompagnées d’un parcours flexible, qui permet à chaque jeune de s’adapter et d’évoluer. Cette réussite passe par une co-construction continue entre le jeune, ses tuteurs et les différents partenaires, travaillant ensemble et en complémentarité, pour offrir un soutien adapté à chaque étape.
Pour aller plus loin
Le Mouvement Parcours Handicap 13 coordonne un groupe de travail dédié à l’inclusion socio-professionnelle des jeunes, avec la volonté d’aborder cette thématique de manière globale. L’objectif est d’explorer à la fois des aspects très concrets mais aussi des dimensions plus personnelles, comme évoqué dans cet article.
Ce travail aboutira à la création d’une mallette numérique, rassemblant des outils et ressources pratiques à destination des jeunes, de leurs familles et des intervenants qui les accompagnent.
Elle proposera également des informations accessibles sur les dispositifs et les acteurs existants. L’objectif : offrir un support mobilisable à tout moment du parcours de vie, pour questionner et accompagner l’inclusion socio-professionnelle des jeunes !
Font partie de ce groupe de travail : Nicole GRANIER (Choisir sa vie), Nathalie HAAS (FCPE13), Isabelle MAURON (SolAir), Hyacinthe DUCLOS (Dyspraxie France Dys 13), Alix GALINIER WARRAIN (Soliane), Yolande GUISEPPI (AMSP), Pascal PAIRAIN (Ipsis Pro), Antoine DESMARIS (URAPEDA Sud), Magali ARBOUCALOT (Aspibulles), Julie PERONE (Education nationale), Jamila AZIZ (AMSP), Elodie REMY (Fimeco), Isabelle DELTEL (TSA Défi Pro), Olivier GIOVANNELLI et Camille PONT (ESAT Open Provence d’IpSis).
Vous souhaitez en savoir plus sur ce groupe de travail ? Laissez-nous un message !
